Pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qu’est l’Anefa ?
Elle a été créée en 1992 par les partenaires sociaux de l’agriculture pour développer l’emploi et la formation. Nous intervenons pour promouvoir ce secteur et ses métiers et favoriser le développement de l’emploi salarié, y compris des saisonniers. Nous proposons des guides d’accueil en agriculture qui leur sont spécifiquement destinés en cinq langues : français, anglais, espagnol, polonais et arabe. L’association fonctionne de façon paritaire aussi bien dans son financement que dans sa gouvernance. Elle est cogérée par des syndicats d’employeurs et de salariés. À ce titre, elle est financée par une cotisation de 0,02 % due à part égale entre chaque partie.
Quelles sont les filières et les régions qui recrutent des saisonniers ?
Nous sommes dans un secteur structurellement en pénurie de main d’œuvre. Nous cherchons à embaucher en permanence. Nous avons au moment où vous m’interrogez 12 000 postes à pourvoir sur notre site Internet. On trouve aussi de nombreuses offres sur le site de Pôle emploi.
Les trois secteurs qui recrutent le plus de saisonniers sont le maraîchage, l’arboriculture et la viticulture. Les tractoristes sont également très recherchés. Le top 5 des régions qui recrutent sont la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne, les Pays de la Loire, l’Auvergne Rhône-Alpes et la Normandie. Grâce à nos 42 structures locales, nous avons une vision assez fine du profil type du saisonnier en agriculture. La parité entre les sexes est respectée. Leur moyenne d’âge est de 35 ans. Ils limitent pour la plupart leurs recherches à moins de 20 km de chez eux.
La crise sanitaire que nous traversons a compliqué l’embauche. Comment la profession a réagi ?
Beaucoup d’agriculteurs ont été contraints de réduire leur production ou n’ont pas récolté du tout certaines parcelles à cause de problèmes de main-d’œuvre, dus aux fermetures des frontières et à l’absence des saisonniers étrangers, d’arrêts maladie, ou de gardes d’enfants mais aussi à cause de perte de débouchés. Nous étions au début du confinement en pleine période des asperges et des fraises, deux cultures qui recrutent de nombreux saisonniers. Malgré ces problèmes, il n’y a pas eu de rupture dans la chaîne alimentaire en France. On a participé à l’opération «Des bras pour ton assiette». Toute la filière agricole s’est mobilisée.
En tout 300 000 personnes se sont inscrites dans ce dispositif. Les étudiants ont bien répondu mais certaines professions comme les indépendants et les professionnels de la restauration ont particulièrement plu aux recruteurs. Ils partagent les mêmes valeurs de travail, de résistance à la pénibilité et de respect des horaires. On s’est rendu compte à cette occasion que la profession agricole n’a pas à rougir de ses propres niveaux de rémunération si l’on compare à ce que ces personnes touchent habituellement dans les métiers qu’elles exercent.
Je pense que nous allons voir apparaître des vocations. Certains vont se dire qu’après tout, produire une alimentation saine, travailler en plein air, avoir un travail non délocalisable, tout en aidant à maintenir un tissu productif rural riche dans une économie circulaire qui a du sens, est une belle idée. Pour les demandeurs d’emploi ou les jeunes qui fréquentent les missions locales, le travail saisonnier est aussi une chance de pouvoir pousser la porte d’une entreprise sans contrainte de CV.
Cela permet aussi aux employeurs de faire connaissance avec leurs futurs salariés en CDI. C’est pour cela que j’appelle les personnes en recherche d’une activité à accepter un contrat, même court.