Jean-François Fruttero, président de la MSA, Anne-Laure Torrésin et Thierry Manten, directrice générale et premier vice-président de la CCMSA, ont présenté leur vision et les initiatives à venir pour accompagner les agriculteurs face aux difficultés économiques et sanitaires. Ils ont unanimement souligné l’engagement de l’institution envers les travailleurs agricoles et les territoires ruraux.
Jean-François Fruttero a ouvert la conférence en soulignant la situation difficile que traverse le secteur agricole. Les manifestations de début d’année ont été un cri d’alerte concernant le mal-être et les difficultés croissantes des actifs agricoles. La crise économique, associée à des problèmes sanitaires, tels que la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique virale (MHE) et la grippe aviaire, affecte considérablement les filières, en particulier l’élevage et la viticulture. De plus, la filière céréalière fait face à des rendements préoccupants, renforçant ainsi l’inquiétude sur le recouvrement des cotisations par les agriculteurs.
Soutien financier et accompagnement des agriculteurs
Le président a insisté sur la nécessité de positionner la MSA comme un partenaire de confiance pour les agriculteurs, capable d’apporter des solutions concrètes à leurs problèmes. « Grâce à un réseau d’élus présents sur tout le territoire, explique-t-il, la MSA se veut être à l’écoute des préoccupations des agriculteurs et s’engage à relayer leurs besoins. »

Un des points majeurs de la conférence a été la présentation des dispositifs d’accompagnement mis en place par la MSA. Dans le cadre du fonds d’action sanitaire et sociale, un budget de 30 millions d’euros est prévu pour aider les agriculteurs les plus en difficulté, réparti sur deux semestres. Cependant, les demandes d’allégement de cotisations atteignent près de 90 millions d’euros, ce qui souligne le fossé entre les besoins des agriculteurs et les ressources disponibles. Des financements supplémentaires ont été sollicités en ce sens auprès du gouvernement.
La MSA a également mis en avant ses initiatives pour répondre au mal-être agricole, notamment à travers le développement du réseau des Sentinelles, plus de 6 500 personnes formées pour détecter les situations de fragilité au sein des exploitations agricoles. Ce réseau permet de faire remonter les signaux d’alerte et d’intervenir rapidement.
« La place des femmes en agriculture est un sujet fort que nous portons également cette année, ajoute Anne-Laure Torrésin, directrice générale. Nous publierons prochainement un Livre blanc sur cette question, élaboré en collaboration avec des administratrices de la MSA appartenant au monde agricole. Ce document proposera des mesures concrètes pour améliorer leur protection sociale et leurs conditions de travail, qu’elles soient agricultrices, conjointes ou salariées. Nous sommes convaincus qu‘elles ont un rôle vital à jouer dans le renouvellement des générations et il est de notre devoir de les soutenir. »
La qualité de service au cœur des préoccupations
Anne-Laure Torrésin poursuit en soulignant l’importance de la qualité de service et de la relation humaine dans l’accompagnement des adhérents. Avec un taux de satisfaction dépassant les 80 %, la MSA s’efforce de répondre aux attentes des agriculteurs en proposant un guichet unique qui gère l’ensemble des prestations de protection sociale.

L’objectif est d’adopter une approche globale en matière d’accompagnement, notamment en menant des actions de prévention santé ciblées. Les populations agricoles, parfois réticentes à se mobiliser pour leur santé, sont ainsi encouragées à participer à des dépistages et des campagnes de vaccination.
La MSA souhaite également de renforcer ses actions à destination des familles, notamment à travers des programmes centrés sur la parentalité et des initiatives éducatives concernant l’alimentation des enfants. De plus, des outils modernes sont déployés pour faciliter les démarches administratives des employeurs agricoles, en particulier ceux qui emploient des saisonniers comme le Tesa simplifié.
Des actions ciblées
Cette conférence de presse a ainsi permis de mettre en lumière l’engagement de la MSA à devenir un acteur clé dans le soutien au secteur agricole, en adaptant ses actions aux réalités du terrain et en répondant aux besoins spécifiques des agriculteurs. La « Sécu du monde agricole » entend se positionner comme une solution en apportant une réponse humaine et efficace aux défis rencontrés par le monde agricole.
« La MSA est véritablement une partie prenante de l’écosystème des territoires ruraux avec les élus locaux et les autres acteurs de la ruralité, explique Thierry Manten, premier vice-président. Nous menons depuis plusieurs années une stratégie d’influence, que nous appelons le “aller vers”, pour mieux faire connaître la MSA et ses spécificités. Nous avons constaté qu’il existe une méconnaissance significative de ce qu’est la protection sociale en général et des actions de la MSA en particulier parmi nos populations.

« C’est pourquoi nous souhaitons effectuer des actions qui s’adressent directement aux élus locaux et aux collectivités, aux communes et aux maires, poursuit-il. Nous voulons partager notre objectif d’un service le plus complet possible vis-à-vis des populations rurales. Rappelons qu’il y a en France 36 000 communes, et nous voulons mettre à disposition nos savoir-faire tout en proposant des solutions concrètes pour travailler ensemble avec nos partenaires afin d’assurer un service public efficace. »
Accès aux soins et lutte contre les déserts médicaux
L’accès aux soins sur les territoires est une préoccupation importante. L’institution est mobilisée dans la lutte contre les déserts médicaux, problématique majeure pour les communes rurales qui rencontrent de grandes difficultés à attirer des médecins, voire des spécialistes. La MSA est à la pointe de la coopération entre les professionnels de santé de soins primaires, les spécialistes, et les acteurs du social et médico-social dans ces territoires.
Depuis janvier 2019, la MSA a accompagné 217 projets d’organisation coordonnée de soins, qui se sont traduit par la création de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), de maisons de santé pluridisciplinaires et de centres de santé pluriprofessionnels.
Engagement envers l’économie sociale et solidaire
« Nous mettons en place une grande variété d’offres de services visant à avoir un impact favorable sur l’amélioration de la vie des populations rurales, explique Thierry Manten, en répondant à des problématiques extrêmement sensibles connues des maires ruraux. À titre d’exemple, nous gérons 200 Maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie (Marpa) et utilisons des outils comme la téléassistance Présence Verte, qui sont des illustrations concrètes de notre action en faveur du bien-être en milieu rural.
De plus, l’association Solidel, portée par la MSA, favorise l’inclusion des personnes en situation de handicap. Cette diversité d’activités est bien sûr complémentaire à l’action sociale que nous menons quotidiennement par l’intermédiaire de nos caisses régionales, grâce à un véritable travail d’ingénierie visant à trouver des solutions adaptées. »
Participation aux France Services
« La MSA travaille en étroite collaboration avec l’ensemble de nos partenaires qui partagent notre ambition de renforcer l’accès aux services publics, une nécessité pour nos concitoyens, ajoute Thierry Manten. Elle est partenaire de l’Agence nationale de la cohésion des territoires et fortement engagée dans le développement de ces structures France Services. Actuellement, 83 d’entre elles sont portées par la MSA, et la reconnaissance du dernier rapport de la Cour des comptes valide notre action.
Affiliation et réforme des retraites
« L’ambition portée par la MSA est de travailler à l’amélioration de la protection sociale, note Jean-François Fruttero. Un sujet crucial qui nous anime est la réforme des retraites, notamment celle du calcul des droits des agriculteurs sur les 25 meilleures années. Nous demandons qu’elle soit calculée comme celle des autres catégories de travailleurs, afin de garantir une justice sociale. Nous avons également porté et continuons de porter les lois Chassaigne, qui visent à améliorer les pensions de retraite, en particulier pour nos anciens et les épouses qui, bien que souvent peu rémunérées, ont beaucoup œuvrés. »
L’affiliation des exploitants est également une priorité. De nouvelles activités et formes d’agriculture émergent et il est essentiel de sécuriser leur affiliation à la MSA — qu’il s’agisse de méthanisation, d’activités pédagogiques ou d’accueil à la ferme. L’objectif est d’éviter un flou et la multiplicité des régimes, ce qui alourdirait la charge administrative.
Contrôle des soins
« Un autre sujet qui mérite notre attention concerne nos services de contrôle médical, poursuit Anne-Laure Torrésin. Nous gérons des frais de soins importants, ainsi que des indemnités journalières, tout en faisant face à des défis de recrutement. Cela nous a conduits à développer des modèles d’organisation innovants, tels que la délégation de tâches vers des infirmiers, afin de compléter les compétences des médecins de contrôle médical. Après des expérimentations fructueuses, nous prévoyons de porter dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale de cette année une proposition de généralisation de ce modèle d’organisation pour améliorer l’efficacité de notre service de contrôle. »
Feuille de route stratégique
Réunis le 25 juin 2024 en Assemblée générale, les élus de la MSA ont approuvé à une large majorité le plan stratégique MSA 2030, aboutissement d’un travail de réflexion mené par l’ensemble du réseau MSA depuis le 1er février 2023. Il se décline autour de cinq grands axes :
- Soutien aux transformations des agricultures modernes, en promouvant le bien-être au travail.
- Offre de protection sociale simplifiée et globale, adaptée aux besoins de nos adhérents et de leurs salariés.
- Attractivité des territoires ruraux, avec un accent particulier sur les territoires fragiles.
- Développement de l’innovation sociale et préparation de la production agricole de demain, notamment en intégrant des services en économie sociale et solidaire.
- Mobilisation des savoir-faire humains dans une logique d’engagement social et durable.
« MSA 2030 est une véritable colonne vertébrale qui servira de base pour nos futures actions et conventions avec l’État, explique Jean-François Fruttero. Mais avant d’entrer dans les négociations, nous avons un moment démocratique crucial à franchir : les élections de nos délégués, qui se tiendront du 5 au 16 mai 2025. Comme tous les cinq ans, elles permettent de renouveler la pyramide institutionnelle de notre organisation. C’est un moment démocratique extrêmement important.
Au-delà du simple renouvellement des élus sur chaque territoire, ces élections reflètent l’attachement de nos ressortissants à leur organisme de protection sociale. Il est crucial de rappeler que la participation des élus et la mobilisation des ressortissants témoignent de la vitalité de nos territoires. Nous nous engageons activement dans la recherche de candidats afin d’assurer une présence sur tous les territoires et une représentativité de tous nos adhérents, illustrant ainsi notre détermination à inscrire l’institution dans les années à venir. »